Voici la liste des missions accomplies par la musique depuis septembre 2003 :
Au sein de l’IME (Institut Médical et Social), nous avons tenté d’aider à s’exprimer des enfants autistes. La tâche paru d’emblée facile, car si ce groupe ne parlait que rarement, ses membres se sont emparés des instruments. Ils ont émis des sons étranges mais très intéressants, et il a fallu leur demander de cesser de s’exprimer instrumentalement car le temps passait vite. Le travail des chansons, des voix et des textes s’est avéré plus fastidieux. Mais onze morceaux de l’IME existent, énigmatiques. Jouer a été plus aisé que parler, ce qui est très estimable pour un musicien.
Le COCEE nous accueille depuis 2005. Il s’agit, dans cet organisme, de solliciter la concentration d’enfants épileptiques, jeunes et adolescents. Le médecin-neurologue, chef de l’établissement, parle de nous en terme de « maître-chanteur », d’un « travail simple et complexe », d’une « démarche musicale thérapeutique », d’un « voyage des enfants dans des contrées lointaines et pourtant étrangères », d’une « permission d’ouvrir et d’entrouvrir l’âme des participants, distillant ce qui s’y trouve de meilleur et de pire ». L’épilepsie paraît une maladie bien mystérieuse… Mais faire de la musique avec des enfants atteints de cette maladie est passionnant.
A l’IR (Institut de rééducation) de l’OHS, cinq enfants de 8 à 14 ans débordaient d’énergie. Nous devions la canaliser. Une imagination sans limite et une grande capacité de production furent un cadeau, au prix d’un grand manque de discipline et d’une certaine violence à gérer. Ce groupe avait beaucoup de choses à dire, en musique et en mots, avec les instruments et avec leurs voix : de bonnes improvisations et des chansons derrières lesquelles se cachait une grande souffrance.
Cela nous a été demandé à l’OHS de Flavigny-sur-Moselle. Il nous a fallu organiser une collaboration entre deux équipes professionnelles qui ne se côtoyaient pas et solliciter les membres de ces équipes, infirmiers ou éducateurs. Nous avons eu à distribuer les rôles et les tâches, et à doser les efforts. Le personnel a chanté les choeurs sur les chansons produites par les groupes, ont aidé les enfants à écrire les textes, … Des liens furent tissés, même en dehors de l’établissement. Cela n’est pas simple, mais la musique adoucit les mœurs.
En 2006, nous avons compris que les enfants tsiganes dont nous avions la charge oscillaient entre deux cultures : celle du langage de leur école et celle du langage de leur terrain et de leur famille. Cette attitude risquait de devenir un frein dans le travail que nous avions à faire parce qu’elle opposait une musique à une autre, un mot à un autre, un procédé à un autre et ainsi de suite. Le choix a été fait de les emmener dans un autre espace que celui de la musique jazz Manouche, leur référence presque exclusive. Cette décision a été motivée par une volonté d’ouverture et par certaines contraintes techniques : les enfants ne pratiquaient pas (ou peu) d’instruments de musique et la perspective de rabâcher l’introduction de « Minor Swing » ne nous enchantait pas (nous n’y voyions pas la possibilité d’adapter notre méthode). Nous avons donc fait notre travail comme avec les autres groupes et la musique qui en est sortie a été inspirée par des genres plus abordables techniquement. En 2007, le même groupe ayant progressé musicalement et deux de ses membres ayant commencé à pratiquer sérieusement la guitare, nous avons pu répondre à leur envie de jouer du jazz Manouche. En retour, les enfants se sont ouverts à d’autres univers musicaux. Cela a suffit à rendre les échanges plus faciles et courtois et a permis un travail plus serein et plus rapide. Cette sérénité nous a emmené plus loin avec Amitiés Tsiganes, en adoucissant les rapports entre les filles et les garçons de ce groupe (ces garçons, pour qui le rôle des filles se limite à danser pendant qu’ils jouent de la guitare). Nous avons également pris le temps d’essayer de détendre certaines ambiances familiales assez compliquées, en réussissant à joindre un oncle violoniste et une mère chanteuse à notre production.